DRUMMONDVILLE. Des enfants de 8 et 9 ans forcés sous la menace d’ados de 13-14 ans à fumer du pot ou intimidés de diverses façons par des filles du même groupe d’âge, voilà la triste réalité qui, paraît-il, se vit depuis quelque temps au parc Mathieu, un endroit pourtant davantage reconnu par les jeux beaucoup plus tranquilles auxquels s’adonnent les aînés du quartier.
C’est qu’entre les jeux de croquet et de pétanque de nos amis du 3e âge et l’espace davantage attrayante pour les enfants située à l’arrière, il y a un monticule et des arbres, qui sert bien la cause de ceux et celles qui veulent jouer aux intimidateurs à l’abri des regards.
Un premier incident
De retour dans le quartier de son enfance depuis le mois d’août, un père de famille, que nous appellerons Pierre pour ne pas risquer de causer d’autres préjudices à ses deux jeunes enfants, n’en revient toujours pas de constater qu’un groupe de petits voyous en devenir tentent d’imposer leur loi auprès des plus jeunes du quartier.
La première fois, c’est sa fillette de 8 ans qui est revenue en pleurant à la maison après que deux adolescentes eurent plongé à la poubelle sa planche à roulettes sans lui laisser la liberté de la reprendre.
Voulant en avoir le cœur net, Pierre retourne au parc avec l’enfant pour y confronter les deux adolescentes en leur expliquant qu’il n’y avait rien de drôle dans leur façon d’agir.
Après avoir récupéré la planche en retour de quelques quolibets, le père de famille hérite en prime de menaces dont celle qu’on allait lui casser les jambes ainsi que celles ses enfants s’ils revenaient sur les lieux.
Ne voulant pas jeter inutilement de l’huile sur le feu, Pierre prend néanmoins la peine d’aviser les deux adolescentes qu’il allait faire appel aux autorités concernées si jamais une situation semblable se reproduisait, les invitant du coup à réfléchir sur leur comportement délinquant.
Loin d’être épeurées, les deux filles poussent l’audace jusqu’à suivre le père et sa petite jusqu’à la maison en continuant de les injurier.
Sans porter plainte officiellement, l’homme croit néanmoins utile d’aviser les policiers de l’incident, tout en demandant conseil sur ce qu’il pouvait faire sachant que nul n’a le droit de se faire justice.
Il en profite pour réclamer une plus grande surveillance policière du secteur, particulièrement dans cette partie du parc.
Celui-ci affirme qu’il est demeuré quelque peu sur son appétit quant à la réponse obtenue du porte-parole de la SQ qui, selon son impression, n’a pas eu l’air à prendre trop au sérieux son appel, même si effectivement, admet-il, des patrouilleurs se sont rendus sur les lieux.
Obligés de fumer du pot
Un autre incident, plus grave de conséquences celui-là, survient quelques jours plus tard en présence de la mère de Pierre, que nous appellerons Louise.
Alors qu’elle se rend au parc en question pour aller chercher ses deux petits-enfants dont elle avait la garde ce soir-là, Louise observe un attroupement de jeunes accompagnés d’un adulte venant de saisir un récipient contenant trois cocotes de marijuana appartenant, semble-t-il, à un jeune garçon de 11 ans.
Incrédule, le père de famille venait d’apprendre que les enfants étaient forcés de respirer la fumée de mari sous peine, semble-t-il, qu’un ado d’une quinzaine d’années leur fasse un mauvais parti.
Il semble d’ailleurs que ce n’était pas la première fois qu’une chose semblable se produisait au parc Mathieu, comme l’a appris plus tard Pierre.
Un flash lui rappelle qu’entre les deux incidents, il a vu son petit garçon arrivé à la maison dans un état un peu «cool», pour le moins dire.
Chose certaine, le soir même où il est informé de l’incident impliquant le garçon de 11 ans, le père de famille fait part de la situation sur Facebook pour sensibiliser les gens du quartier.
Il reçoit alors plein de commentaires de sympathisants, certains estomaqués par ce qu’ils apprennent et d’autres tendant à confirmer les appréhensions quant à une forme d’intimidation juvénile sévissant au parc Mathieu.
Dès le lendemain du second incident, à la suite d’informations obtenues, Pierre se rend chez les parents du garçon de 11 ans pour les sensibiliser à ce qui se passe et pour tenter d’avoir leur collaboration, ce qu’il n’obtient pas vraiment, ceux-ci étant eux-mêmes, semble-t-il, des consommateurs de marijuana avoués.
À une autre porte, chez une petite amie de sa fille, Pierre dit avoir eu droit à sensiblement la même indifférence de la mère qui ne semblait pas trop préoccupée de ce qui se passait à l’extérieur de la maison.
La cerise sur le sundae de l’indifférence, il l’a obtenue d’un jeune policier rencontré au gré du hasard auprès duquel Pierre tentait d’obtenir des conseils.
Celui-ci lui aurait tout simplement suggéré comme solution d’envoyer ses enfants dans un autre parc.
Le pire, c’est que sans l’avoir écouté directement, les enfants ont cessé d’aller au parc Mathieu comme ils le faisaient fréquemment auparavant, ceux-ci y allant très rarement maintenant et que sous surveillance ou presque.
«Lorsqu’ils y vont seuls, raconte le père, les jeunes ont un code entre eux pour donner le signal du départ à la course vers la maison avant que les choses ne s’enveniment.»
Pierre et Louise estiment qu’il est permis d’affirmer que les enfants du quartier sont des victimes de l’intimidation de quelques ados dont on ignore la provenance exacte, mais qui ont manifestement des liens avec d’autres jeunes du quartier.
«Ces situations font peur car il ne faut pas oublier que, même si nous n’en sommes pas là, des jeunes ayant été victimes d’intimidation ont déjà eu recours au suicide pour trouver une solution qui n’est évidemment pas la bonne», affirme Louise en disant que le but de l’intervention qu’elle mène avec l’accord de son fils est d’éviter que la situation ne dégénère, alors qu’il en est probablement encore temps.
La grand-maman estime donc qu’il n’est peut-être pas trop tard non plus pour intervenir de façon préventive auprès des jeunes intimidateurs car l’histoire démontre qu’ils sont souvent eux-mêmes victimes d’intimidation dans leur milieu.
Ils espèrent que cette sortie médiatique les amènera à réfléchir sur leurs gestes et sur les conséquences qu’ils entraînent sur plus petits qu’eux.
Même si ce calvaire se vit à l’extérieur de l’école, les deux intervenants souhaitent donc que l’école du secteur (Saint-Pierre) puisse de son côté faire sa part en organisant, de concert avec les policiers, des cliniques de prévention sur l’intimidation.
«Organisons un environnement où il fait bon vivre en sécurité pour nos enfants et petits-enfants. Je crois que cela est la responsabilité de tous», lance comme appel à l’aide la grand-mère qui souhaite que son message soit entendu.